Le No-Kill et le Catch and Release

Ces pratique sont heureusement en plein essor, mais de quoi s'agit-il ? Qu’est-ce que cela implique ? Comment ne pas tomber dans l'extrémisme ?

Le No-Kill, comme son nom l'indique, c'est le fait de ne pas tuer les prises et de les remettre dans leur élément, c'est donc très simple 

Pas mal de gens ne comprennent pas et sont ahuris quand ils nous voient relâcher un beau brochet, ou bien certains (qui ne pêchent pas) ne comprennent alors pas pourquoi on pêche du coup ? La réponse est simple pour eux : LA PASSION ! 

Et oui, il y a bien des gens qui chassent, qui font la course en voiture, qui adorent collectionner les boutons de manchettes roses ou que sais-je encore ? Ça ne s'explique pas et dresser une liste exhaustive de toutes les raisons qui nous poussent à aller à la pêche est impossible

Pour aller un peu plus loin voici une vidéo très intéressante :

Anti-pêche : que répondre aux animalistes et antispécistes ? (pêche sportive, no kill)
 

Fin de la parenthèse, revenons à nos moutons.

Mais pourquoi le No-Kill est-il important ?

Pour commencer, nous sommes en 2013 (pour rappel), et à notre époque nous n'avons plus besoin de chasser ou pêcher pour nous nourrir.

A côté de cela, je ne vais rien vous apprendre en disant que l'Homme a un impact très négatif sur l'environnement, la planète est en danger. On entend parler de la pollution de l'air, le réchauffement climatique, les océans pollués, mais quid de nos rivières et nos plans d'eau ?

C'est simple : c'est pollué (merci aux PCB entre autres) et les zones de reproduction des poissons (du brochet notamment) sont de plus en plus rares en rivière, c'est donc une espèce en danger dans notre pays et même en Europe, il faut le savoir ! Une espèce en danger, il faut la protéger, et comme il n'y a que trop peu de mesures allant dans ce sens, c'est à nous pêcheurs de prendre les devants afin que ces écosystèmes subsistent.

Voici pour information la Liste Rouge des Espèces Menacées en France

Mr le Brochet a un rôle primordial dans l'équilibre de nos eaux. C'est LE prédateur roi, il assure la régulation des autres espèces et même de la sienne (oui, il est cannibale) ; il a un rôle de nettoyeur aussi puisqu'il se nourrit des poissons blessés, malades et même morts (c'est un gros fainéant ).

Il est donc important de le protéger !

Je voudrai aussi que l'on m'explique l'intérêt de prélever un brochet de 40cm, ou même de 60cm : il n'y a rien à manger dessus et c'est plein d'arêtes !

Heureusement, il y a une taille limite de capture : 60cm au niveau national en 2ème catégorie, c'est peu, mais c'est mieux que rien comme on dit...

Certaines AAPPMA la relèvent à 70cm, d'autres vont un peu plus loin et instaurent la double-maille (ou fenêtre de capture) : 60/80 par exemple, c'est à dire que les poissons mesurant moins de 60cm ou plus de 80cm doivent impérativement retourner à l'eau, voilà une très bonne façon de concilier les pros No-kill et les antis...

Les AAPPMA les plus courageuses instaurent quant à elles le No-Kill total, il faut les encourager et même les imiter 

Pour les AAPPMA le No-Kill ne peut avoir que des avantages, enfin presque.

L'intérêt principal est financier bien entendu : le rempoissonnement en carnassiers est le plus coûteux, et ça, pas mal de propriétaires de plans d'eau privés l'ont bien compris et gagnent leur vie avec le No-Kill...

Évidemment, les viandards du coin vont pester et l'AAPPMA risque de perdre quelques cartes de pêche... mais elles seront très largement compensées par de nouveaux arrivants, si l'AAPPMA est capable de proposer des plans d'eau riches en beaux poissons et jouissants d'une image écolo, respectueuse de la faune et de la flore. Il faut dynamiser tout ça ! Et pour avoir de beaux poissons, il faut les laisser grandir, ce n’est pas compliqué à comprendre quand-même !

Le No-Kill dans sa définition de base c'est bien, mais la démarche va un peu plus loin, on va parler alors de respect du poisson, de Catch And Release...

Cela implique alors la connaissance de certains gestes, certaines habitudes.

- oubliez le fishgrip et préférez l'épuisette ou la prise à la main : voici un petit article à ce sujet : La prise du poisson

- à propos de l'épuisette, préférez les modèles larges et avec les mailles en caoutchouc (rubber) : moins agressives pour le mucus des poissons, les hameçons s'en détachent aussi bien plus facilement !

- manipulez vos prises avec précautions, ne pas les faire tomber au sol ! Le choc est très violent pour eux !

- si vous devez poser un poisson au sol évitez les cailloux et préférez de l'herbe humide, le mieux étant de pouvoir maintenir le poisson dans l'eau lors du décrochage ;

- ayez toujours une pince longue, "fine" et résistante pour décrocher rapidement vos prises et ainsi les libérer plus vite ;

- ayez aussi toujours une pince coupante pour pouvoir couper la pointe d'un hameçon et ainsi épargner quelques vies : changer un triple ne coûte presque rien 

- on enchaine directement avec l'écrasage des ardillons ou tout simplement l'utilisation d'hameçons sans ardillons (barbless) : là le décrochage est quasi immédiat, les blessures "moindres" et les décrochés lors des combats sont vraiment anecdotiques, j'en reparlerais dans un autre article ;

- pour les remettre à l'eau il ne faut pas les balancer directement, surtout si le décrochage à été difficile ! Il faut le mettre délicatement à l'eau, le tenir à l'horizontale et le ré-oxygéner en lui faisant faire des va-et-viens. Il faut le tenir mais pas fermement, dès qu'il a assez de forces pour repartir il doit pouvoir partir d'un coup de caudale ;

- si malgré nos efforts un poisson repart sur le dos (ça arrive), il vaut mieux alors l'achever plutôt que de le laisser agoniser pendant des heures...

- les photos... J'aimerai que l'on m'explique l'intérêt de mesurer et de prendre en photo un brochet de 47cm ?? Ça m'est déjà arrivé oui, il y a fort longtemps, je comprends pour un gamin ou un débutant, on en est fier de notre prise ! Mais à un moment donné, quand le poisson est modeste, relâchez-le plus vite possible !

- idéalement, ne touchez pas le poisson : si il est piqué au bord de la gueule, dès qu'il est à portée de pince vous le décrochez, il repart illico et vous gagnez du temps pour en prendre un plus gros qui vaudra peut-être la peine d'être pris en photo

Globalement, c'est bête à dire mais le poisson doit passer le moins de temps possible hors de l'eau...

Il faut donc faire "vite et bien", avec un petit peu d'expérience et de bon sens ça n'a rien de compliqué

Voilà en gros ce qu'il faut retenir 

Après, il faut faire attention à ne pas tomber dans l'extrémisme et la sensiblerie de base.

Je me souviens d'un débat sur un forum pendant lequel j'avais pu lire que certains pêcheurs utilisaient carrément des civières, ou avaient aussi des produits pour que les poissons cicatrisent plus vite... C'est très bien dans le fond, je ne peux que les soutenir.

Le problème, c'est que ces gens là font culpabiliser ceux qui ne font pas comme eux... ils sont bien gentils, mais il faut en avoir les moyens. A un moment je me demandais s'il ne fallait pas aller à la pêche avec un vétérinaire en cas de coup dur...

Oui la pêche est un sport/loisir violent dans le sens où, même si on ne les entend pas crier (^^), on peut aisément imaginer que pour eux ça n'est pas une partie de plaisir...

Si on veut vraiment ne pas leur faire de mal, et bien il ne faut pas pêcher ou alors ne pas mettre d'hameçons 

Idée idiote ? Pas tant que ça ! J'avoue ne pas avoir encore testé, mais c'est prévu et je vous en ferai part. Il paraît que le brochet ne lâche pas sa prise comme ça, on peut donc profiter du combat sans les blesser, par contre pas de photo souvenir !